Sarah Lombardi, directrice de la Collection de l’Art Brut de Lausanne livre ses réflexions après sa découverte de l’exposition « Brut ! Génies insolites et artistes hors-les-normes », co-organisée par EgArt et Le Miroir de Poitiers jusqu’au 4 novembre 2023.
Propos recueillis par Bernadette Grosyeux, présidente d’EgArt.
Bernadette Grosyeux, EgArt : Vos impressions après la visite de l’exposition « Brut ! Génies insolites et artistes hors-les-normes » ?
Sarah Lombardi : Très intéressante, très bien scénographiée. Exposer des artistes rattachés à EgArt en même temps que des artistes classiques de l’art brut, cela permet de montrer que cette notion, bien que pensée en 1945 par Jean Dubuffet, est un concept bien vivant, qui demeure pertinent, actuel. Présenter des artistes qui créent, soit chez eux de manière indépendante, soit en atelier, et qui correspondent aux critères de l’art brut, permet de nous amener à réfléchir sur cette notion et son actualité.
BG: Qu’avez-vous pensé des artistes d’EgArt ?
S.L. : J’ai trouvé globalement que le travail était très intéressant, notamment Gaël Dufrène, bien-sûr, Amine Benchat aussi par exemple, et que les œuvres avaient une pertinence et une qualité artistique. Chacun possède un véritable univers, très spécifique qui ne ressemble à aucun autre.
BG: Que vous inspire l’action de défricheur d’EgArt autour du respect des droits moraux et patrimoniaux des artistes ?
S.L. : EgArt fait un travail fondamental et qui est plus que jamais nécessaire. Depuis quelques années, cette notion d’art brut a acquis une grande reconnaissance, auprès des collectionneurs, des galeries et du marché de l’art. Si l’on revient à la définition de l’art brut, ce sont des personnes qui n’ont pas appris dans le cadre d’une école d’art, mais qui créent et développent, par eux-mêmes, leur propre apprentissage et langage artistique. Souvent, on a affaire à des gens qui sont socialement en marge ou marginalisés…et parfois en situation de handicap. Très souvent, ces personnes n’ont pas les outils pour faire face à une reconnaissance par les milieux artistiques. Elles peuvent vite se retrouver en situation d’abus. En tant qu’institution, la Collection de l’Art Brut est un catalyseur de cette reconnaissance, et il y a un danger potentiel. C’est pourquoi nous ne donnons jamais les coordonnées d’un auteur à une galerie qui souhaite l’exposer. Nous en discutons avec la famille, la tenons au courant des conséquences positives d’une reconnaissance artistique, qui permet parfois de sortir de sa condition marginale, mais aussi des dangers potentiels. Il est donc extrêmement important que ces personnes puissent être encadrées par des professionnels, comme EgArt qui défend leurs droits et leurs intérêts.
BG: Pouvez-vous revenir sur votre découverte des œuvres de Gaël Dufrène ?
S.L. : j’ai découvert Gaël Dufrène grâce à EgArt et j’ai été fascinée par ses dessins de moteurs et de locomotives. Cela faisait penser à des intérieurs de corps, à des écorchés. On est face à un travail unique. Je n’avais jamais vu ça. Il utilise des catalogues spécialisés, d’‘images de train et de moteurs, les reproduit, et les interprète. Il y a un côté obsessionnel…Et graphiquement, c’est très puissant. J’ai trouvé ce travail fantastique. Voilà quelqu’un de totalement autodidacte en art, ne se jugeant pas artiste lui-même. C’est nous qui le considérons ainsi. C’est le cas de beaucoup d’auteurs d’art brut. J’ai voulu l’intégrer dans la collection et j’en suis ravie. Et j’ai constaté lors de l’exposition collective de 2018 sur nos nouvelles acquisitions que son œuvre fascinait les gens.
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